Marrakech se desséchait événementiellement. Deux jeunes femmes mettent tout en œuvre pour la guérir de sa léthargie en fomentant une manifestation prônant le court-métrage. Rendez-vous entre fin septembre et début octobre.
Par R. K. Houdaïfa
Le ciel de Marrakech, habituellement serein, se teintait, par intermittence, de tons chagrins, comme s’il tenait à partager l’angoisse qui, perceptiblement, étreignait nombre d’avides et d’amateurs d’arts.
Mais quoi qu’il en soit, car nantie de si irrésistibles vertus, la ville ocre est «glamour, élégante, cultivée, accueillante et surtout pleine d’allure», se plait à dire Ramia Beladel. Tissée de l’étoffe dont sont faits les rêves, la cité suscite des pulsions violentes, des désirs irrépressibles et des fantasmes inavouables.
Ramia voue un culte pour Marrakech – cité foisonnante de mémoire, sertie de monuments et pétrie d’art – qui frise l’obsession. Sur les appas de la ville, elle se révèle intarissable, usant des mots capiteux, affriolants, incandescents, qui reflètent le feu de sa passion. Une passion qu’elle souhaiterait donner en partage. De là découle la fastueuse idée de mettre sur orbite un festival du film. Elle avait le feu sacré mais manquait de précieux viatiques. Elle se mit alors à prêcher la bonne parole jusqu’à ce qu’on lui prêta une oreille bienveillante.
C’est en grande partie grâce à Thaïs Martin que ce qui ressemblait à un vœu pieux, prit forme concrète. Celui-ci sembla tellement fécond, qu’elles songèrent donc à le convertir en un festival Out of The Box orienté vers un format de courts-métrages; un format auquel elles n’en ont malheureusement pas assez accès à Marrakech.
Short Film : Muse des cinéastes
Un festival pour le court-métrage. Voilà qui devrait mettre du baume au cœur transi des hérauts de ce genre qui, pour beaucoup – soyons francs -, n’en est pas un; un truc académique en trois parties qui se termine par une chute burlesque, un concept assez ringard. Certains sont d’avis que le court n’a jamais cessé d’exister, ne serait-ce que pour des questions industrielles : il constitue le passage obligé et quasi unique pour devenir réalisateur de long-métrage – la fameuse «carte de visite», le baccalauréat du cinéaste. En outre, le monde du court-métrage est considéré, par d’autres, comme un ghetto entretenu par de vieux gauchistes qui auraient trouvé là une nouvelle occasion de militer pour une cause perdue – à moins qu’elle ne soit entendue… Tout court, et au vu de ces clichés aiguillonnés par un bouche-à-oreille, il est d’abord une fenêtre ouverte sur le monde, éventuellement un art.
C’est dans le dessein de créer un pont entre Marrakech et le monde du court-métrage, ainsi que de mettre au-devant les talents locaux, tout en partageant le travail de cinéastes étrangers, que les deux brillantes femmes, diablement efficaces, se firent un point d’honneur de mitonner annuellement ce rendez-vous sobrement intitulé «Marrakech Short Film Festival». Le but est d’en faire un lieu d’épanouissement de la création marocaine, en la confrontant à la création étrangère.
42 courts-métrages bien faits, et d’autres bien plus que cela
En somme, pour ce premier acte, une très vaste affiche, qui mettant à l’honneur l’Egypte, entortille des noms couronnés et des talents montants avec une joyeuse sélection de films étrangers.
Présidé par le cinéaste Kamal Hachkar, le jury de cette première édition sera composé de Daniele J. Suissa, ancienne réalisatrice et productrice, Marie Courtin, première productrice de photoshoot pour les magazines et marques de mode à Marrakech, et Mehdi Sefrioui, photographe de mode, outre l’acteur Tarik Mounim.
D’une durée d’une semaine en plein air, le festival abritera des lieux de projection privés singuliers, notamment à Jnane Tamesna et les sites du patrimoine dans l’ancien quartier de Laksour.
Ce n’est là qu’un aperçu des plaisirs, envoûtants, que nous propose la 1ère édition de Marrakech Short Film Festival. Le plateau est copieux, avec une foison de morceaux de choix. Tous ces bonheurs seront à portée de vue entre fin septembre et début octobre 2021.
Source: fnh.ma